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L'Immaculée Conception

Chapitre 14 Alain et Jim

Immaculée Conception

Chapitre 14
Jim, il faut qu’on aille chercher les derniers cadeaux pour le réveillon.
Why Sugarbaby ? On a déjà acheté plein de choses, pour ton frère, ta belle sœur, la semaine dernière, non ?
Ouais, Sweetie Jim, I know, mais il y a des invités, tu sais ? Il faut bien leur offrir un petit truc, non ?
Alan, no ! T’as vu les gens qu’il y a dans les rues, dans les magasins !
Ouais, Sweetie, I know, mais comment faire autrement ? Et tu ne vas pas laisser ton Zuckerbaby tout seul dans le tourbillon de la vie urbaine, hein ? Et puis on passera au Virgin, on s’achètera des CD, Jimmy, et des livres, d’accord ?
Comment tu fais pour que je fais toujours ce que tu veux, Baby ?
Pour que tu fasses, Jimmy, c’est du subjonctif.
Pour que je fasse, ok, Baby. Alors, c’est qui les autres ?
Elisabeth, une vieille copine de Marie. Dominique et Mohamed, un couple de gays, ils habitent le même village que Joseph et Marie, mais de l’autre côté, plus vers Saxel. Ca fait sept.
Un couple de gays, ouahoo ! Tu les connais ? Ils sont comment ?
Non, je ne les connais pas. J’en ai déjà entendu parler. Le Dominique doit être prof là-bas, et son mec, le Mohamed, je crois qu’il est dans la déco, ou quelque chose comme ça. Ils habitent de l’autre côté de Burdignin, sur la route de Saxel, par en-haut. Je ne sais plus comment ils ont rencontré Marie et Joseph.
Ils ont quel âge, les frangines ? Des jeunes, des vieux ?
Aucune idée. Je dirais qu’ils ont l’âge de Joseph et de Marie, juste un peu plus que nous. Un peu plus pour Dominique, un peu moins pour Mohamed, si j’ai bien compris toutes les explications de Marie au téléphone, mais tu sais que je ne l’écoute pas toujours !
Et ils aiment quoi, tu le sais ? Tant qu’à faire, autant leur donner quelque chose de bien, qu’ils aiment. Idem pour la fille, non ?
Ecoute, on verra. Ca peut être des livres, des CD, des bonnes bouteilles. On verra bien, Jimmy ! Allez, habille-toi, fais-toi beau, mon ange, beau comme un archange !
Pourquoi ? Je ne te plais pas comme ça, avec mon caleçon et mon sweet ? Moi, je me trouve très beau !
Tu me plais de toutes les façons et sous toutes les coutures, mon Jimmy d’amour, l’amour de ma vie !
Jim s’approche d’Alain et l’enlace tendrement et fermement à la fois. Alain se dérobe des bras de l’américain de son cœur.
Non, Jimmy, il faut qu’on y aille. Sinon, on va rester au pieu jusqu’au soir. Allez, on y va. Parce que demain, il faut qu’on se lève tôt. T’oublies pas les six heures de route et il faut partir avant les bouchons. Et puis, ne t’avise pas de les approcher de trop près les deux frangines de la montagne. Sinon, gare à toi.
Alain dit tout cela le sourire aux lèvres. Ils ne sont pas dupes pour autant : ils savent que c’est vrai. Parce qu’Alain est plutôt du genre jaloux possessif qui se surveille et Jim du type séducteur volage qui se surveille, et qu’il y a déjà eu des moments de grande alerte dans leurs trois ans de vie partagée.
Ils se retrouvent tous deux dans l’ascenseur pour descendre au parking. Dans le miroir en fond de cage, ils se sourient, ils se regardent. Leurs yeux disent ce qui n’est dit par leurs voix. Dans la voiture, ils se causent de tout et de rien, de manière presque frivole par-dessus la musique californienne de l’auto radio. Pourtant, chacun dans sa tête a conservé l’appréhension de ce qui n’a pas été dit, as usual.

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