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L'Immaculée Conception

Chapitre 7 Marie

Chapitre 7

Marie a fini sa journée de cours. Elle a fait du guindage sur des fauteuils toute la journée. Elle a mal au rein d’être assise sur son petit banc des heures durant. Elle s’est acheté quelques courses pour le repas du soir et regagne en métro sa petite chambre sur les pentes de la Croix Rousse. Elle la loue pour la durée du stage de formation. Demain soir, elle reprendra sa voiture pour retourner en Haute-Savoie.

Elle a vite terminé son repas et s’est couchée, tant elle se sentait lourde et fatiguée. Elle s’est mis un CD de vieilles chansons de Donovan. Son roman de Stephan Fry n’a pas fait long feu : il est tombé sur le tapis quelques minutes après son coucher, lorsque le sommeil lui est tombé dessus.

Elle se trouve à la Croix Rousse et dans la Vallée à la fois. C’est à la fois le jour et la nuit. Au bout de chaque petite rue, on aperçoit les monts enneigés. De la grande montée en escalier, elle découvre tout le paysage de sommets et de creux de la Plaine-Joux jusqu’au massif du Mont-Blanc, qui surplombe toute la ville. Elle a la sensation que tout son être, son corps, son cœur, son âme, est d’une légèreté incroyable. Elle est assise sur une pierre et découvre tout le panorama devant elle. Cela scintille et palpite, les lumières des maisons et des rues, l’éclat des neiges au soleil. Quelqu’un s’approche derrière elle. C’est une présence douce et forte à la fois. Sans se retourner, elle sait que c’est Mohamed. Il l’entoure de ses bras et s’élève avec elle par-dessus Lyon, les monts, les vallées. Tout est lumière d’arc-en-ciel vibrant. Elle sent la présence de Mohamed en elle, dans son ventre. C’est doux. Ils montent toujours plus haut. Il lui est révélé à la fois l’enthousiasme et l’épiphanie à Miribel de Villard, au pied de la statue de la Vierge, qui surplombe les vallées. L’archange des sables la redépose sur la pierre où elle était assise, sur son lit de sommeil. Elle s’éveille et entend un souffle qui lui murmure : « Bientôt, Marie, bientôt ». Elle garde les yeux ouverts quelques secondes, puis se rendort dans l’oubli de la nuit.

Le lendemain, à plusieurs reprises, dans ses trajets à Lyon et pendant son retour à la montagne, elle a un sentiment fugace de bonheur, la sensation fugitive d’une merveille rêvée dans sa nuit et tout de suite après, elle ressent encore plus profondément, plus intensément son manque fondamental, son attente d’enfant.

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