

SCULPTURES & ECRITURES BUISSONNIERES
La pureté est le pouvoir de contempler la souillure (S Weil)
Vins d'honneur

Vins d'honneur
Brouhaha.
Des sourires factices accrochés sur des masques de peau ; des odeurs de concentration humaine ; des simili coupes de simili champagne ; des buffets dévastés ; des paroles inutiles, des clichés de convention ; de faux sourires encore ; des chapeaux de femmes tape-à-l’œil d'un goût douteux, des cravates voyantes en fausse soie brillante et toujours les sourires artificiels. Ça boit, ca parle, ça s'empiffre de chips, de toastes, de canapés, de cacahuètes ; des rires vulgaires, des regards jaugeurs, des regards mateurs, des simagrées de bon ton.
Des mômes mal vivant se jettent dans les jambes des adultes, écrasant le pâté des navettes à terre et sur le bas des pantalons, renversent des jus de fruit sur le sol de la salle des fêtes, devenu poisseux ; poisseuses aussi les conversations qui s'éternisent, qui s'alcoolisent. Heureuse, heureuse la mariée déjà défraîchie ; heureux, heureux le marié déjà enivré ; heureux les parents des mariés : ce sont de beaux vins d'honneur, se diront les femmes de ménage tout à l'heure, en ramassant les cadavres et les plateaux, en balayant les déchets de nourriture et les mégots de cigarettes. Dieu, qu'elle est tenace l'odeur du tabac refroidi, du mousseux éventé, des paroles creuses des honneurs vains.